Aix-en-Provence jouit d’une réputation enviable dans le paysage urbain français, mais comme toute ville de cette envergure, certaines zones nécessitent une vigilance particulière. Les statistiques officielles révèlent 11 031 crimes et délits recensés en 2024, soit 74,6 faits pour 1 000 habitants, plaçant la cité provençale au 2 161ème rang national. Cette réalité statistique mérite d’être appréhendée avec nuance, car elle cache des disparités importantes entre les différents secteurs urbains. Vous savez, ici en Provence, nous avons appris à connaître les spécificités de chaque quartier, tout comme on connaît les nuances d’un terroir viticole. Certaines zones présentent des défis sécuritaires qui influencent directement le cadre de vie et les choix résidentiels. Cette analyse détaillée des quartiers sensibles vous permettra de mieux comprendre la géographie urbaine aixoise et ses enjeux contemporains.
Jas de Bouffan : le quartier prioritaire le plus surveillé
Le Jas de Bouffan s’étend sur 115 hectares à l’ouest d’Aix-en-Provence, abritant 1 582 logements dans ce qui fut jadis la propriété familiale de Paul Cézanne. Ce quartier développé dans les années 70 porte aujourd’hui le statut de quartier prioritaire et de Zone de Redynamisation Urbaine, témoignant des difficultés sociales croissantes qui l’affectent depuis plusieurs décennies. Le taux de chômage avoisine les 21%, soit largement au-dessus de la moyenne régionale, créant un terrain propice aux incivilités et à la délinquance.
Les problèmes sécuritaires se manifestent par des rixes entre jeunes, des incendies criminels de véhicules principalement nocturnes, et un trafic de stupéfiants développé discrètement dans certains secteurs. Les affrontements entre groupes rivaux ponctuent régulièrement l’actualité locale, tandis que les actes de vandalisme se multiplient sur le mobilier urbain. Les dégradations touchent particulièrement les arrêts de bus, les réverbères, et les espaces publics qui subissent une détérioration constante.
| Indicateur | Jas de Bouffan | Moyenne Aix |
|---|---|---|
| Taux de chômage | 21% | 12% |
| Nombre de logements | 1 582 | – |
| Superficie | 115 hectares | – |
Face à cette situation, les autorités ont déployé des mesures sécuritaires d’envergure. L’extension du réseau de vidéosurveillance prévoit l’installation de 20 nouvelles caméras par an pour atteindre 500 unités d’ici 2026. Un poste de police mobile a été inauguré, accompagné de patrouilles renforcées et d’opérations de contrôle systématiques ayant déjà permis plusieurs interpellations récentes.
Encagnane : criminalité élevée et rénovation urbaine
Créé en 1964 comme Zone à Urbaniser en Priorité, Encagnane s’impose comme l’un des secteurs les plus problématiques d’Aix-en-Provence. Cette ancienne ZUP s’étend sur 65 hectares et compte 4 200 logements abritant environ 10 000 résidents, dont près de 60% occupent des logements sociaux. L’architecture des années 60, avec ses barres d’immeubles dominantes, favorise un sentiment d’isolement accentuant les tensions sociales. Les familles monoparentales représentent un tiers des résidents, tandis que la jeunesse compose presque la moitié de la population.
Les statistiques de criminalité révèlent une situation particulièrement préoccupante : 12,57 cambriolages pour 1000 habitants, 619 cas de violences, et 150 kg de stupéfiants saisis par les forces de l’ordre. L’incident d’avril 2023 illustre dramatiquement cette insécurité : un bar a subi des tirs à la kalachnikov avec 14 balles de 7,62 mm, causant quatre blessés légers dans un contexte de rivalités locales. Les vols et trafics inquiètent quotidiennement les riverains, tandis que les descentes de police rythment l’actualité du secteur.
- Taux de cambriolages : 12,57 pour 1000 habitants
- Cas de violences recensés : 619 en 2024
- Stupéfiants saisis : 150 kg par les autorités
- Incident majeur : tirs d’armes automatiques en avril 2023
- Population : 10 000 résidents dans 4 200 logements
Cette réputation stigmatisée effraie certains visiteurs et complique considérablement l’accès à l’emploi pour les jeunes du quartier. L’urbanisme des années 60, caractérisé par des barres d’immeubles imposantes et des espaces verts mal intégrés, accentue le sentiment d’enfermement des résidents. Heureusement, un ambitieux projet de renouvellement urbain s’étend jusqu’en 2028, prévoyant 424 nouveaux logements, la rénovation de 748 unités existantes, et la démolition de 254 logements vétustes. Cet investissement de 153 millions d’euros comprend la création d’une future place piétonne symbolisant le changement espéré.
Corsy et Besson : deux cités sous surveillance
Corsy accueille 2 517 résidents dans des logements datant de 1958, tandis que Besson, construit entre 1959 et 1961, compte 1 473 habitants. Ces deux quartiers situés dans le nord d’Aix-en-Provence, près de l’avenue Paul Cézanne, partagent des problématiques sécuritaires similaires malgré leurs histoires distinctes. Besson a obtenu le statut de quartier prioritaire en 1996, déclenchant un projet de rénovation urbaine lancé en 2010 et la démolition d’un bâtiment délabré en 2016.
Les statistiques de criminalité révèlent des taux préoccupants pour ces deux secteurs. Corsy affiche 11,8 cambriolages pour 1000 habitants, 580 cas de violences, et 90 kg de stupéfiants saisis par les autorités. Besson présente quant à lui 10,4 cambriolages pour 1000 habitants, 520 cas de violences, et 75 kg de drogue confisquée. Les opérations de police de décembre 2023, ciblant spécifiquement le trafic de stupéfiants, ont donné lieu à plusieurs perquisitions simultanées dans ces deux quartiers ainsi qu’à Encagnane.
Les problèmes récurrents incluent des réseaux criminels organisés bien implantés, des groupes rivaux se disputant les points de vente, et de nombreux jeunes adonnés au commerce illégal via des applications de livraison. Les vols à la tire connaissent une augmentation notable, accompagnés de violences urbaines et d’affrontements entre bandes rivales créant un climat d’insécurité diffuse. L’habitat collectif dominé par les HLM accuse parfois son âge, avec des problèmes d’humidité pour certains résidents, mais les bailleurs entreprennent progressivement des rénovations et améliorent les parties communes.
La Pinette : isolement géographique et précarité sociale
La Pinette se situe au nord-est d’Aix-en-Provence, dans un quartier résidentiel développé durant les années 1960. Sa position géographique, à 6 kilomètres du centre-ville, crée un isolement accentué par les collines et zones industrielles qui le séparent du cœur urbain. Cette distance complique les déplacements quotidiens et renforce le sentiment de déconnexion ressenti par ses habitants, majoritairement issus de la population modeste.
Les problèmes de sécurité demeurent modérés comparés aux autres secteurs sensibles, mais restent préoccupants pour les riverains. Les vols à la roulotte inquiètent particulièrement les propriétaires de véhicules, tandis que les agressions nocturnes occasionnelles et les affrontements entre groupes de jeunes créent une insécurité diffuse. Les cambriolages restent plus modérés que dans d’autres quartiers, mais la vidéosurveillance s’étend progressivement pour rassurer les habitants.
- Bâtiments majoritairement des années 60 nécessitant des rénovations
- Isolation thermique défaillante dans de nombreux logements
- Fissures visibles sur certaines façades d’immeubles
L’habitat pose des défis considérables avec des bâtiments datant majoritairement des années 60, une isolation thermique inquiétante, et des fissures visibles sur certaines façades. Les parties communes manquent souvent d’entretien, et les ascenseurs tombent parfois en panne, créant des désagréments quotidiens pour les résidents. Les services restent limités avec une offre commerciale modeste comprenant un supermarché, quelques boulangeries et boucheries, témoignant du manque d’attractivité commercial. Les transports peu fréquents compliquent l’accès au centre-ville, créant une forte dépendance à la voiture pour les déplacements quotidiens.
Centre-ville et secteurs touristiques : insécurité nocturne
Problèmes nocturnes du centre historique
Le centre historique d’Aix-en-Provence, malgré son charme indéniable et son attractivité touristique, connaît des problèmes d’insécurité nocturne qui méritent attention. Les ruelles sombres du quartier Mazarin deviennent inquiétantes à la tombée de la nuit, tandis que le secteur des Halles craint particulièrement les vols à la tire. Le célèbre Cours Mirabeau vit des nuits agitées après les sorties de boîtes, et les abords de la Rotonde restent sous haute surveillance policière.
Les pickpockets profitent habilement de l’affluence touristique, particulièrement durant les festivals et événements culturels. Les agressions en soirée inquiètent les sorties nocturnes, créant un sentiment d’insécurité chez certains visiteurs et résidents. Les nuisances sonores des terrasses tardives divisent les riverains, tandis que les incidents se multiplient près des établissements festifs, créant parfois des tensions entre fêtards et habitants permanents.
Secteur de la gare SNCF
La gare SNCF attire une faune variée jour et nuit, avec des individus à l’allure parfois louche traînant dans le secteur. Les vols à l’arraché restent possibles près des guichets et sur les quais, malgré les contrôles renforcés rassurant progressivement les voyageurs. Il y a quelque chose d’unique dans cette ambiance ferroviaire qui demande une vigilance particulière, surtout après la tombée de la nuit.
| Zone du centre-ville | Principaux risques | Recommandations |
|---|---|---|
| Quartier Mazarin | Ruelles sombres, coût élevé | Éviter circulation nocturne |
| Secteur des Halles | Vols à la tire | Surveiller ses affaires |
| Cours Mirabeau | Nuits agitées, bagarres | Prudence en soirée |
| Gare SNCF | Vols à l’arraché | Éviter les abords nocturnes |
Quartier des Facultés : vie étudiante et nuisances
Le quartier des Facultés présente une dynamique particulière liée à sa vocation universitaire et à sa vie nocturne très active. Les étudiants fréquentent régulièrement bars et pubs, créant une ambiance festive qui peut gêner les habitants recherchant la sérénité. Cette concentration de jeunes génère une insécurité relative avec des incidents mineurs mais récurrents comme les querelles de rue ou le vandalisme touchant le mobilier urbain.
Les nuisances sonores constituent la principale préoccupation des riverains non étudiants, particulièrement importantes durant les soirées étudiantes et les week-ends. Certaines résidences comme « Les Facultés » sont décrites comme squattées, vétustes et peu sécurisées, alimentant les tensions entre différentes populations du quartier. Les rénovations promises depuis plusieurs années peinent à voir le jour, créant un sentiment d’abandon chez les résidents permanents.
- Nuisances sonores liées aux soirées étudiantes répétées
- Querelles de rue et incidents mineurs mais fréquents
- Résidences vétustes nécessitant des rénovations urgentes
- Cohabitation difficile entre population étudiante et résidents
- Vandalisme touchant régulièrement les espaces publics
L’impact sur les riverains non étudiants crée des difficultés de cohabitation entre la population étudiante temporaire et les résidents permanents cherchant un cadre de vie paisible. Les espaces publics subissent régulièrement des dégradations liées aux rassemblements nocturnes, tandis que les commerces de proximité s’adaptent tant bien que mal à cette clientèle spécifique.
Impact sur l’immobilier et conseils de sécurité
Conséquences sur le marché immobilier
Les quartiers sensibles subissent une décote significative sur le marché immobilier, avec des prix au mètre carré inférieurs de 30 à 50% par rapport à la moyenne municipale. Cette différence tarifaire reflète directement la perception d’insécurité, l’état du bâti et la faible demande locative dans ces secteurs. Les prix moyens dans les quartiers sensibles avoisinent 5 054 €/m², contrastant avec les 7 000 à 8 000 €/m² pratiqués dans les secteurs prisés comme le quartier Mazarin.
Cette polarisation entre secteurs recherchés et délaissés rend le choix d’emplacement particulièrement stratégique pour les investisseurs et futurs propriétaires. Les transactions restent modérées dans ces zones, témoignant de la prudence du marché face aux enjeux sécuritaires et sociaux.
Recommandations sécuritaires
Les anciens disent toujours qu’il vaut mieux prévenir que guérir, et cette sagesse s’applique parfaitement aux questions de sécurité urbaine. Ne jamais laisser d’affaires sans surveillance dans les lieux bondés constitue la première règle de prudence. Il convient d’éviter de traverser les passages étroits après minuit, de limiter l’usage d’écouteurs et téléphones en permanence, et de prendre garde aux comportements suspects près des arrêts de bus.
- Éviter les affaires personnelles sans surveillance constante
- Limiter les déplacements nocturnes dans les passages isolés
- Réduire l’usage visible d’appareils électroniques coûteux
- Observer les comportements suspects près des transports publics
- Éviter les zones isolées durant les soirées de week-end
Mesures municipales
La municipalité déploie des moyens considérables avec plus de 150 policiers municipaux patrouillant les rues principales jour et nuit, et 448 caméras de vidéoprotection contrôlant les points stratégiques. Le dispositif « Participation citoyenne » mobilise les riverains vigilants, créant un réseau de surveillance complémentaire rassurant. Cette présence rassurante s’est renforcée ces dernières années, témoignant de la volonté municipale d’améliorer durablement le sentiment de sécurité dans tous les quartiers aixois.
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