La libération de Strasbourg, le 23 novembre 1944, marque un tournant décisif dans la Seconde Guerre mondiale. Cette ville alsacienne, annexée par l’Allemagne nazie en 1940, revêt une importance stratégique et symbolique considérable pour la France. C’est la 2e division blindée (2e DB), menée par le général Leclerc, qui joue un rôle primordial dans cette opération audacieuse. Leur mission : restituer Strasbourg à la France et accomplir une promesse faite des années auparavant, loin des rives du Rhin.
Le serment de Koufra : l’engagement de Leclerc et ses hommes
Le 2 mars 1941, dans l’oasis libyenne de Koufra, le général Leclerc et ses hommes prêtent un serment qui allait devenir légendaire. Ils jurent de ne déposer les armes que lorsque les couleurs françaises flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. Cette promesse, faite au cœur du désert africain, incarne l’espoir de la France libre et la détermination de ses soldats.
Le serment de Koufra devient le moteur de la 2e DB. Il insuffle à ces hommes une motivation inébranlable, les poussant à traverser l’Afrique, puis l’Europe, dans leur quête de libération. Pour eux, Strasbourg n’est pas qu’une ville à libérer, c’est le symbole de la France reconquise, l’aboutissement d’un périple commencé dans les sables du Sahara.
La 2e DB : fer de lance de la libération de Strasbourg
La 2e division blindée, commandée par le général Leclerc, est une unité d’élite des Forces françaises libres. Composée de soldats aguerris, elle se démarque grâce à sa mobilité et sa puissance de feu. Intégrée à la 7e armée américaine du général Patch, la 2e DB obtient l’autorisation d’entrer en premier dans Strasbourg, honneur qui souligne la portée symbolique de cette mission pour la France.
La stratégie adoptée pour la libération de Strasbourg s’appuie sur la rapidité et l’effet de surprise. Les blindés de Leclerc doivent percer les lignes ennemies et foncer vers la ville, sans laisser le temps aux Allemands de se réorganiser. Cette approche audacieuse reflète l’esprit offensif de la 2e DB, forgé au fil des batailles depuis l’Afrique du Nord.
Le déroulement de la libération le 23 novembre 1944
Le 23 novembre 1944, l’opération de libération de Strasbourg s’enclenche dès l’aube. Les colonnes de la 2e DB convergent vers la ville, bousculant les défenses allemandes. À 14h30, un moment historique se produit : le spahi Maurice Lebrun hisse le drapeau tricolore au sommet de la cathédrale de Strasbourg. Ce geste, chargé d’émotion, marque l’accomplissement du serment de Koufra.
La population strasbourgeoise, libérée après quatre années d’occupation, réserve un accueil triomphal aux soldats français. Les rues s’emplissent de joie et de ferveur patriotique. La Marseillaise résonne entre les murs des maisons à colombages, tandis que les habitants embrassent leurs libérateurs.
Les forces en présence : Alliés et Allemands
La libération de Strasbourg mobilise des forces alliées considérables, avec la 2e DB en première ligne. Voici un aperçu des effectifs engagés :
- La 2e DB du général Leclerc : environ 14 000 hommes
- Des éléments de la 7e armée américaine en soutien
- Des unités de la 1ère armée française, incluant des soldats algériens
- Des résistants locaux, fournissant des renseignements cruciaux
Face à eux, les forces allemandes, bien que désorganisées, opposent une résistance farouche. Environ 5 000 soldats allemands sont faits prisonniers durant les combats, témoignant de l’intensité de l’affrontement. La libération de Strasbourg s’achève au prix de pertes humaines, rappelant le coût élevé de la liberté reconquise.
L’impact symbolique de la libération de Strasbourg
La libération de Strasbourg revêt une importance capitale pour la France et les Alliés. Elle symbolise le retour de l’Alsace dans le giron français, effaçant l’annexion de 1940 par l’Allemagne nazie. Cette victoire galvanise le moral des troupes alliées et de la population française.
Pour les Strasbourgeois, c’est la fin d’une période sombre marquée par la germanisation forcée et la répression. Le retour du drapeau tricolore sur la cathédrale incarne la renaissance de l’identité française de la ville. Cette libération résonne comme un message d’espoir pour toutes les régions encore sous occupation.
Les défis post-libération : une victoire fragile
Malgré l’euphorie de la libération, la menace allemande persiste. Les mois suivants sont marqués par une tension constante, illustrée par la contre-offensive allemande de janvier 1945. Cette opération, repoussée de justesse, rappelle la fragilité de la victoire et la nécessité de rester vigilant.
Pour sécuriser Strasbourg et sa région, les mesures suivantes sont mises en place :
- Renforcement des positions défensives autour de la ville
- Mise en place de patrouilles régulières dans les quartiers
- Collaboration étroite avec la Résistance locale pour la collecte de renseignements
- Sécurisation des infrastructures stratégiques (ponts, gares, usines)
- Établissement de checkpoints aux entrées de la ville
Ces dispositions permettent de maintenir Strasbourg hors de portée des tentatives de reconquête allemandes, assurant effectivement la pérennité de sa libération.
Le rôle du général Leclerc dans la libération
Le général Philippe de Hauteclocque, dit Leclerc, incarne l’esprit de la France combattante. Son parcours, de l’Afrique à l’Alsace, en passant par la Normandie et Paris, témoigne d’un leadership exceptionnel. À Strasbourg, Leclerc atteste une fois de plus ses qualités de stratège et de meneur d’hommes.
Après la libération, le général fait placarder des affiches dans la ville pour rendre hommage à ses soldats. Ce geste illustre sa volonté de partager la gloire de la victoire avec ses hommes, renforçant en conséquence l’esprit de corps de la 2e DB. Leclerc comprend l’importance de ce moment pour l’histoire de France et veille à ce qu’il soit gravé dans les mémoires.
La mémoire de la libération : commémorations et héritage
Chaque année, Strasbourg commémore sa libération avec ferveur. Ces célébrations perpétuent le souvenir des héros de 1944 et transmettent aux nouvelles générations l’importance de cet événement. Le 1er régiment de Spahis de Valence, héritier des traditions de la 2e DB, participe régulièrement à ces cérémonies, renforçant le lien entre passé et présent.
L’héritage de la libération de Strasbourg se manifeste de diverses manières :
- Des rues et places portant les noms des héros de la libération
- Des monuments commémoratifs rappelant le sacrifice des libérateurs
- Des expositions et conférences organisées régulièrement sur ce thème
- L’entretien des véhicules d’époque de la 2e DB, témoins roulants de l’histoire
- La transmission orale des souvenirs par les anciens combattants et les témoins
Le 80e anniversaire de la libération, prévu le 23 novembre 2024, s’annonce comme un événement majeur. La présence attendue du Président de la République souligne l’importance nationale de cette commémoration. Ce sera l’occasion de réaffirmer les valeurs de liberté et de fraternité qui ont animé les libérateurs de Strasbourg.
En tant que passionné d’histoire alsacienne, je ne peux m’empêcher de ressentir une profonde émotion en évoquant ces événements. Comme le disaient souvent nos anciens, « Si ces murs pouvaient parler, ils nous raconteraient l’incroyable bravoure de ces hommes qui ont rendu Strasbourg à la France ». La libération de notre belle cité reste un chapitre glorieux de notre histoire, un moment où l’Alsace a retrouvé son âme française.